Comprendre et appliquer l’éco-conception

Alors que la conscience écologique s’éveille peu à peu dans les mentalités, elle s’étend aussi aux métiers du numérique. Car oui, on ne le voit peut-être pas, mais le numérique a bel et bien un impact environnemental significatif ! 

À l’heure où la création de sites Internet bat son plein, il est crucial de comprendre et de mesurer l’impact écologique que cela engendre. À travers cet article, notre objectif est de vous aider à réduire votre empreinte carbone en adoptant les bons réflexes digitaux  !

Avant-propos : comprendre le cycle de vie d’un site web

Pour comprendre l’impact écologique que peut avoir un site Internet, il paraît évident d’étudier tout d’abord son cycle de vie. On peut le décomposer en 7 phases qui se répètent :

1. Phase de conception : idéation, design…
2. Phase de réalisation : création, développement…
3. Phase de déploiement : mise en ligne, transfert sur des serveurs de production…
4. Phase d’administration : gestion des contenus…
5. Phase d’utilisation : c’est l’étape dans laquelle le site va avoir le plus fort impact environnemental, car c’est à ce moment qu’il va générer le plus d’allers-retours serveurs.
6. Phase de maintenance : c’est là où la différence entre un site éco-conçu et un site classique se distinguent le plus. Généralement, la maintenance sur un site éco-conçu est moins régulière du fait des erreurs en moins, ce qui a donc moins d’impacts environnementaux.
7. Phase d’obsolescence : recyclage ou suppression des serveurs afin de ne pas contribuer à l’augmentation du “cimetière numérique”.

L’éco-conception : c’est quoi ?

Il existe plusieurs définitions de l’éco-conception. On peut se référer à celle de l’Association Française de la Normalisation : “L’éco-conception consiste à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou service et lors de toutes les étapes de son cycle de vie”.

L’éco-conception s’inscrit dans le design éthique

Il est difficile de définir exactement à quoi fait référence le Design Éthique… Cependant, certains sujets sont à prendre en compte pour respecter au mieux l’utilisateur et son environnement !

L’implication du designer dans sa réflexion éthique-responsable ne doit pas être un frein au développement du produit/service, mais un moyen de placer la conception dans une logique responsable et respectueuse de l’utilisateur et de l’environnement. Le métier de designer évolue à tel point qu’aujourd’hui, ce métier ne s’arrête pas uniquement aux interfaces et à l’expérience utilisateur. Le designer doit apporter son savoir-faire, sa connaissance, sa culture et son empathie. Il doit également penser aux conséquences de ce qu’il crée, et cela dès la phase de conception. Ainsi, le designer doit pleinement assumer sa responsabilité et les conséquences écologiques de son travail.

Inclure une dimension éthique dans son processus de conception peut être un élément de différenciation vis-à-vis de la concurrence. Cela permet aussi de porter des valeurs sociales et environnementales au cœur de la stratégie de communication. Investir sur l’éthique peut être le vecteur d’une croissance durable. Penser et concevoir éthique et responsable sous-entend qu’il y aura des contraintes : cependant ces contraintes peuvent fort heureusement être sources de créativité et d’innovation !

Pourquoi réduire l’impact environnemental lié au web ?

L’empreinte écologique du web est conséquente. Selon Fournisseur Énergie, on estime que si Internet était un pays, il serait le sixième consommateur d’énergie sur la planète !

C’est d’autant plus important que les progrès technologiques (débit, animations et interactions notamment) ont provoqué une augmentation du poids des pages. Selon GreenIT les pages web sont 100x plus lourdes qu’il y a 20 ans.

Quelques chiffres données par GreenIT :

• Une donnée numérique parcourt en moyenne 15.000 kilomètres.
• Une recherche Google produit une émission CO2 de 7 grammes.
• Les data-centers français consomment 10% de l’électricité utilisée dans notre pays.

L’hébergement constitue la ressource la plus énergivore d’un site Internet. En effet, plus un site dispose d’images lourdes et nombreuses, d’animations et d’interactions, plus il mobilise les ressources électriques liées à l’alimentation du serveur. D’après de récentes études menées par The Standish Group International et Cast Software, 70% des fonctionnalités demandées par les utilisateurs ne sont pas essentielles et 45% ne sont jamais utilisées. L’éco-conception prend alors tout son sens, puisque l’on épure au maximum l’aspect fonctionnel d’un site web pour se concentrer uniquement sur ce qui est nécessaire.

De plus, il paraît important de souligner les avantages qui découlent d’un site éco-conçu. Ces principaux intérêts sont les suivants :

• Un site éco-conçu est plus léger, plus “propre” et donc plus apprécié des moteurs de recherche, ce qui permet de bénéficier d’une meilleure visibilité.

 

• La maintenance est moins régulière, car il y a préalablement eu un tri des spécificités fonctionnelles en amont pour ne garder que les fonctionnalités essentielles. Moins de fonctionnalités inutilisées équivaut à une diminution des erreurs, des bugs, et donc à une maintenance facilitée !

 

• Dans un souci de réduction du poids des pages, nous allons privilégier un design épuré, sobre. Cela s’inscrit tout à fait dans les tendances actuelles, notamment le minimalisme. 

 

• Étant donné que tous les éléments jugés “inutiles” ou peu pertinents vont être soustraits, on remarque notamment que la navigation est simplifiée, pour le plus grand plaisir des utilisateurs (et des UX designers !).

 

• Un site éco-conçu induit une réduction des fonctionnalités, le choix d’un design épuré et minimaliste, une navigation simplifiée… au profit d’un gain de performance et d’un temps de chargement réduit. Ce qui est un critère déterminant pour les moteurs de recherche tels que Google.

Dans certains cas, on peut même bénéficier de déductions fiscales et cela grâce au crédit d’impôt innovation (CII), inscrit dans la loi de finances de 2013.

Comment réduire cet impact ? Quels sont les indicateurs et les solutions envisageables ? 

Avant de vouloir trouver des solutions concrètes afin de réduire l’impact de son site Internet, il faut tout d’abord savoir ce qu’il consomme et rejette en termes de pollution. Pour cela, il existe plusieurs indicateurs capables de retracer ce que votre site consomme en eau, gaz à effet de serre, nombre de requêtes, taille du DOM (=  Document Object Model – une interface de programmation normalisée par le W3C, permettant à des scripts d’examiner et de modifier le contenu du navigateur web).

3 outils pour mesurer l’impact environnemental de votre site web

Outil n°1 – GreenIT Analysis 

GreenIT Analysis est un outil qui vous indique votre score de performance environnementale. Il vous donne la possibilité de vous situer par rapport à la médiane. Il s’agit d’une extension disponible sur Chrome ou Firefox.

PageSpeed InsightsOutil n°2 – PageSpeed Insights

PageSpeed Insights est un outil créé par Google qui vous informe sur la vitesse de chargement de vos pages sur tous les appareils. Il vous indique le poids de vos pages mais aussi les moyens de les diminuer.

Outil n°3 – Ecometer 

Home page du site Ecometer (source : ecometer.org)

Ecometer, dans le même esprit que l’extension GreenIT Analysis, analyse l’impact environnemental de votre site en se basant sur les 115 bonnes pratiques de référence de l’éco-conception et vous fournit des conseils concrets. Il vous suffit de copier/coller l’URL de votre site dans la barre de recherche de l’outil.

Les bonnes pratiques à adopter pour réduire l’impact environnemental de son site web

Les trois outils ci-dessus vous proposerons des améliorations précises et personnalisées quant à votre site internet. D’une manière plus générale, si vous ne disposez pas encore de site internet et/ou si vous souhaitez en créer un prochainement, vous pouvez d’ores et déjà mettre en place certains bonnes pratiques écologique :

• Axe graphique : favorisez un design simple, épuré et minimaliste (concrètement cela peut se traduire par des titres de grande taille avec une police épaisse, des icônes toujours plus simples (= one line), limiter à quasiment zéro l’utilisation des couleurs…). C’est déjà le choix qu’ont fait les créateurs des applications les plus utilisées : Airbnb, Apple Music, Instagram, Spotify, Medium et beaucoup d’autres. De plus, votre site doit être réalisé sans surcharge, c’est-à-dire sans éléments graphique non-pertinents, sans animations/interactions trop complexes et respectueux des standards en termes de poids d’images (n’oubliez pas de compresser vos images pour ne pas alourdir inutilement vos pages, l’outil imageoptim, est parfait pour cela, facile d’utilisation et gratuit). Contentez-vous de deux, voire trois polices d’écriture maximum (d’ailleurs si vous jouez avec les tailles et les graisses, une seule police est suffisante.)

 

• Axe fonctionnel : optez pour une technologie économe, à la fois adaptée à vos besoins et à ceux de vos clients. Si vous souhaitez un site vitrine statique, le choix du CMS et de tout ce qu’il comprend n’est peut-être pas optimal. Comme nous l’avons vu précédemment, il ne faut pas hésiter à se passer des fonctionnalités dont on ne se sert pas, ce qui implique de faire un tri pour ne garder uniquement que les fonctionnalités qui sont essentielles. Privilégiez des contenus courts et concis, en coupant les articles trop longs en plusieurs parties afin d’alléger les pages. Cela  vous permettra de privilégier la qualité à la quantité : il vaut mieux avoir un texte plus court, optimisé en SEO avec les bons mots-clés, qu’un article long et fastidieux !

 

• Axe technique : optez pour un hébergeur web écologique dits “hébergeurs vert”, c’est une manière très simple de réduire son impact environnemental. Un code propre est également indispensable ! Dans ce sens, il est important de garder en tête quelques bonnes pratiques : concevez des développements sur-mesure, minifiez les fichiers CSS et JavaScript, compressez vos sorties HTML, connectez-vous à une base de données uniquement lorsque cela est nécessaire, utilisez des serveurs virtualisés, installez le minimum requis sur le serveur et évitez les redirections.

Cas concret : les bons élèves

Avec toutes les informations énoncées précédemment, on pourrait croire que créer et déployer un site Internet dans le respect des bonnes pratiques environnementales peut-être compliqué, ou bien que l’on ne dispose pas d’une grande marge de manœuvre en termes de créativité… Et bien détrompez-vous ! 

Nous avons recensé quelques sites internet, tous ayant une excellente note éco-index (A). Pour vous démontrer que l’éco-conception s’applique à de nombreux domaines, vous y trouverez des sites vitrine, mais également des plateformes E-Commerce. Chacun d’entre eux dispose d’une identité visuelle définie et assumée, des animations qui apportent beaucoup de dynamisme sans pour autant trop alourdir le poids des pages.

Site	Type	Éco Index	Eau (cl)	GES (gCO2e)
malocarecords.com	Vitrine	A	1,77	1,18
lesgaragesnumeriques.com	Vitrine event	A	2,22	1,48
antara.studio	Vitrine agence	A	2,16	1,44
superfoodgin.de	E-Commerce	A	2,07	1,38
yesyou.studio	Vitrine agence	A	1,98	1,32
martin-laxenaire.fr	Vitrine portfolio	A	2,01	1,34
patrickmahomes.com	E-Commerce	A	2,22	1,48
hopewellbrewing.com	E-Commerce	A	2,07	1,38
dallygoods.com	E-Commerce	A	2,16	1,44
jonesy-nyc.com	E-Commerce	A	2,22	1,48

Conclusion : que faut-il retenir ?

L’utilisation que nous faisons d’Internet n’est pas sans conséquence : ce n’est pas parce que nous ne voyons pas la pollution que cela engendre qu’elle n’existe pas. Afin de réduire cet impact, plusieurs éléments peuvent être mis en place :

• Triez vos courriels et videz vos boîtes mails, 
• Privilégiez, si possible, de l’énergie “verte”, 
• Faites le point sur les fonctionnalités nécessaires à votre site Internet et celles qui ne le sont pas (et qui n’ont donc pas besoin d’être mises en place),
• Optimisez vos médias (réduire leur poids est généralement très simple),
• Soyez minutieux et tendez vers un code dit “propre”, sans superflu. 

Ces changements permettront déjà de faire évoluer le monde du Digital. Si tous les petits acteurs se soucient de la pollution numérique que nous produisons, alors c’est à une bien plus grande échelle que nous réaliserons des progrès !

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